Tecindustry Magazine « L’idée n’est que la première étincelle du projet »

« L’idée n’est que la première étincelle du projet »

Fort esprit d’innovation et grande passion : chaque année, environ 400 start-up voient le jour en Suisse. D’où viennent les idées ? Qu’est-ce qui leur donne leur envol ? Nous avons interrogé des fondatrices et fondateurs prometteurs de la branche tech. Épisode 3 : transports publics dans l’espace.

Pau Molas-Roca, avec votre start-up COACTUM, vous voulez installer des transports publics dans l’espace comme sur la Terre. Comment cette idée vous est-elle venue ?

Pau Molas-Roca : En 2019, je vivais à l’autre bout du monde, plus précisément au Japon, pour écrire ma thèse master. C’est dans ce contexte que j’ai participé au développement des moteurs de fusée pour les petits satellites. Pendant que mon superviseur et moi travaillions sur ce projet, nous avons réalisé que ces moteurs étaient relativement faciles à produire et peu coûteux. De plus, ils étaient effectivement assez puissants pour propulser de petits satellites. Et : personne d’autre ne proposait une telle solution !

Quand avez-vous les meilleures inspirations ?

Lorsque je parle d’un sujet à des profanes et que je le leur explique. Soudain, quelque chose fait « clic ». Mais aussi quand je passe du temps en montagne ; en faisant de l’escalade, du trail running, du ski ou du vélo. Mon esprit continue alors à travailler, même si je ne pense pas consciemment au travail. Il m’arrive alors de devoir m’arrêter et de prendre des notes de la solution, de l’idée ou de la décision qui m’est venue à l’esprit.

Quels problèmes voulez-vous résoudre avec votre start-up ?

La mauvaise mobilité entre les orbites.

 

 

Pouvez-vous résumer l’idée principale de votre start-up ?

COACTUM souhaite réaliser dans l’espace un système de transport public comme nous l’avons sur Terre. Une connexion sans faille des orbites permettra aux satellites de se diriger vers des destinations spécifiques de manière abordable et facile. Cette nouvelle infrastructure nous donnera des possibilités encore impossibles aujourd’hui et facilitera ainsi encore la vie sur Terre - par exemple en améliorant la communication globale ou en fournissant des prévisions météorologiques plus précises pour éviter des scénarios extrêmes.  

Comment réalisez-vous si une idée est bonne ?

Je pense qu’on le ressent assez vite. Il est donc important de faire confiance à son instinct, son intuition. Ensuite, prendre son temps et ne pas se précipiter. En d’autres termes : analyser l’idée de manière critique, discuter avec d’autres personnes, se poser des questions fondamentales sur le marché et la technologie. 

Comment testez-vous concrètement vos idées ?

J’accorde beaucoup d’importance à des recherches approfondies. Je commence par résoudre les questions de base : quel est le groupe cible de mon produit ? Qui sont les clients potentiels ? Quelles possibilités ma solution pourrait-elle apporter ? Quelqu’un d’autre a-t-il déjà tenté la même chose et a échoué ? Pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné à l’époque ? Pourquoi l’ont-ils fait de cette manière ? Est-ce un produit ou un service qui arrive au bon moment ? La technologie est-elle au point ? Important aussi : le projet est-il financièrement viable ?

Et après la recherche ?

La deuxième étape consiste à demander l’avis d’experts dans le domaine ou de personnes en qui j’ai confiance sur la mise en œuvre. Et ce, sans dévoiler directement l’idée ou la solution. Par exemple : « Imaginez que vous ayez la possibilité de faire X, cela vous aiderait-il à... ? »

De l’expert technique à l’homme d’affaires. Comment avez-vous fait ?

Ça s’est passé assez naturellement. J’aime organiser et optimiser les processus. Bien sûr, je préfère les thèmes techniques que les travaux administratifs. Mais tout cela fait aussi partie du processus. Ce qui est parfois difficile pour moi : communiquer avec le public. Que dire et comment ? Que ne pas encore communiquer ? Quel est le bon moment pour communiquer ? On souhaite la réputation, mais il faut aussi que cela convienne aux actionnaires et aux clients.

Ce que j’ai parfois du mal à faire ? La communication. Que dire et comment ? Que ne pas encore communiquer ? Quel est le bon moment pour rendre les choses publiques ? On souhaite la réputation, mais il faut aussi que cela convienne aux actionnaires.

Pau Molas-Roca, cofondateur de COACTUM SA

Que faut-il de plus ? En plus de l’idée ?

De la détermination. L’idée n’est que la première étincelle du projet. Pour entretenir la flamme, il faut de la détermination et la capacité de la transmettre à l’équipe. Ce n’est qu’en conjuguant les efforts que le projet avance.

À quoi doit ressembler l’équipe ?

Deux choses sont essentielles : un état d’esprit axé sur la mise en œuvre et les solutions. Les problèmes n’existent pas, dans cette configuration nous ne voyons que des moyens pour progresser. Et : de la compréhension des responsabilités. Chacun a des tâches et des capacités différentes et il faut leur faire confiance. Il est aussi important d’être sincère et ouvert avec tous. C’est alors que l’équipe peut travailler en harmonie. Nous n’avons pas encore entièrement réuni l’équipe parfaite. Je ne sais pas si une équipe parfaite existe, car les défis changent constamment.

Le referais-tu ? Créer une start-up ?

Oui ! Je suis déjà impliqué dans une deuxième start-up, avec un de mes frères. Le nom de l’entreprise est « Bullet Skis » et travaille sur un projet en vue d’une expérience de ski unique. De plus, j’ai d’autres idées en vue. Tout cela ressemble pour moi à un voyage incroyable qui me procure beaucoup de plaisir.

La Suisse est-elle favorable aux start-up ?

Très favorable ! La Suisse assure un environnement stable. D’excellents spécialistes y vivent, grâce aux excellentes universités. Les possibilités de réseautage sont bonnes, il y a des récompenses, des investisseurs et du soutien. Mais, pour les idées commerciales qui nécessitent un grand capital de départ, ce n’est pas facile. Et bien sûr, il faut y mettre du sien, car le niveau de la concurrence est très élevé.

Ton conseil aux personnes qui ont une idée commerciale concrète ?

Être absolument honnête dès le début. Celui qui au début déjà n’est pas sincère avec soi-même et ses investisseurs finira par perdre beaucoup de temps. Mieux vaut aborder et résoudre les obstacles dès le départ.

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Dernière mise à jour: 02.05.2023