Tecindustry Thèmes Climat et protection de l’environnement Vers de nouveaux sommets à l’aide de la lumière du soleil

Voler n’a actuellement pas une bonne réputation en matière de climat. Ce n’est pas l’aéronautique en soi qui cause problème, mais bien les combustibles fossiles. De ce fait, diverses entreprises coopèrent avec les spinoffs de L’EPFZ Synhelion et Climeworks qui permettent de voler de manière propre.

Du carburant à partir du CO2 et de la lumière du soleil ? Cela paraît fantaisiste, mais c’est faisable. Les deux entreprises technologiques suisses Synhelion et Climeworks sont sur le devant de la scène en matière de recherche. Les deux spinoffs de l’EPFZ appliquent des procédés qui permettent de séparer le CO2 de l’air et de le transformer en un gaz de synthèse au contact de la lumière du soleil et de l’eau. Le gaz peut être ensuite traité en un carburant qui peut être utilisé dans les moteurs normaux.

En clair : Lors de la combustion de carburants de synthèse, du CO2 est libéré. Toutefois comme le CO2 a été séparé de l’air auparavant, le procédé présente un bilan neutre, c’est donc neutre du point de vue climatique.

Même si la technologie fonctionne déjà bien, elle n’est pas encore utilisée dans de grandes proportions. Les prix du carburant de synthèse sont encore beaucoup plus élevés que le kérosène normal produit à partir du pétrole brut fossile.

L’aéroport de Zurich et Lufthansa y participent

Afin de pouvoir continuer à développer les technologies et de rendre les vols durables possibles à long terme, aussi bien l’aéroport de Zurich que Lufthansa ont conclu des accords de coopération. L’aéroport de Zurich s’est fixé le but de ne plus émettre d’émission en 2040. Raison pour laquelle, il a décidé d’exploiter une installation test avec Synhelion directement à l’aéroport. En même temps, l’entreprise s’est engagée à racheter la quantité annuelle disponible du carburant durable à prix coûtant.

Par le passé déjà, la compagnie aérienne Lufthansa a conclu un partenariat avec Synhelion et Climeworks. Le but de la coopération est d’accélérer le développement et l’introduction sur le marché des kérosènes durables.

Étant donné que les batteries électriques sont lourdes, elles ne seront utilisées à l’avenir que de manière limitée dans l’aéronautique. « Contrairement à d’autres modes de transport, le trafic aérien dépend de kérosènes durables dans un avenir proche. Son introduction sur le marché nécessite un effort commun des producteurs de kérosènes et des compagnies d’aviation », explique Aldo Steinfeld, professeur pour les agents énergétiques durables à l’EPF Zurich.

Application à large échelle possible à l’avenir

Pour que le kérosène fossile traditionnel puisse être petit à petit remplacé, les développements des entreprises suisses peuvent fournir une contribution importante. Les combustibles durables utilisés jusqu’à présent, appelés aussi Sustainable Aviation Fuels (SAF), sont produits en majeure partie à partir d’huile alimentaire et déchets biologiques recyclés. Toutefois, leur disponibilité sera une fois épuisée, de plus, les carburants biologiques font concurrence à la production alimentaire. Les technologies des spinoffs de l’EPF prennent une autre direction. Elles ne sont certes pas encore disponibles dans des dimensions industrielles, mais pourraient une fois être produites en grande quantité. Et devenir ainsi compétitives au niveau des prix.

Lufthansa aimerait, de par son engagement, souligner l’importance du kérosène durable. Le but est que l’aéronautique affiche un bilan de CO2 équilibré. « Grâce aux technologies d’avenir et aux coopérations avec des partenaires innovants dans deux de nos marchés nationaux, nous sommes sur la bonne voie », déclare Christina Foerster, Comité de Customer & Corporate Responsability de la compagnie allemande Lufthansa SA.

Voici comment ça fonctionne

Le CO2 est séparé de l’air par un procédé que Climeworks a mis sur pied. L’entreprise Synhelion a conçu les étapes suivantes. Une réaction thermochimique est déclenchée dans un réacteur solaire à une température de 1500°C, au cours de laquelle l’eau (H₂O) et le CO₂ sont séparés. Ainsi se crée un gaz de synthèse qui se compose d’eau (H₂) et de monoxyde de carbone (CO), qui est rendu liquide sous forme d’essence ou de kérosène. Au cœur du réacteur, se trouve une structure céramique particulière brevetée de l’oxyde de cérium.

L’industrie du pétrole est aussi intéressée

Le réacteur solaire a été développé avec Philipp Furler qui est Chief Technology Officer chez Synhelion. Il a étudié le génie mécanique à l’EPFZ et aimerait en tant qu’entrepreneur rendre la technologie prête pour le marché. Actuellement, le kérosène solaire est deux fois plus cher que le kérosène fossile. Si toutefois les installations grandissent et que davantage de taxes sont perçues sur les agents énergétiques fossiles, de nouvelles opportunités s’ouvriront sur le marché.  La société pétrolière italienne ENI a fait part depuis longtemps de son intérêt et a ainsi mis sur pied des contacts avec Synhelion. Selon l’entretien avec la SRF, ENI souhaite exploiter avec Synhelion la première installation commerciale d’ici 2025.

Informations complémentaires

Vous trouverez des informations détaillées sur la technologie et les développements dans le plan commercial de Synhelion, aupès de EPF, de Lufthansa, d'ENI et bien sûr sur les sites de Climeworks et Synhelion

Vidéo

(en anglais)

Dernière mise à jour: 23.02.2024